Vingt ans après la promulgation de la loi de 2005 sur l’égalité des droits des personnes handicapées, l’accessibilité numérique reste un défi majeur pour les personnes sourdes et malentendantes. C’est ce que révèle une enquête nationale conduite par Infosens entre septembre et décembre 2024, qui s’appuie sur plus de 350 témoignages recueillis en ligne.
Les répondants, majoritairement des femmes (65 %) et souvent âgés de plus de 65 ans (35 %), présentent une diversité de profils : sourds de naissance (28 %), devenus sourds ou malentendants (60 %) et malentendants de naissance (12 %). Le mode de communication privilégié reste l’oralisation et la lecture labiale (82 %), suivi par la langue des signes française (LSF, 12 %) et la langue française parlée complétée (LfPC, 6 %).
L’étude met en lumière une faible connaissance des outils d’accessibilité. Le pictogramme d’accessibilité est connu par seulement 23 % des répondants, et le français facile à lire et à comprendre (FALC) demeure méconnu pour 65 % d’entre eux. Pourtant, ceux qui utilisent ces dispositifs en sont généralement satisfaits, pointant leur utilité pour une meilleure compréhension de l’information.
Les centres de relais téléphoniques, utilisés par 28 % des sondés, sont également appréciés pour leur capacité à favoriser l’autonomie. Toutefois, le manque de professionnels et les délais d’attente limitent leur efficacité. La majorité des non-utilisateurs ignorent leur existence ou préfèrent d’autres moyens comme le SMS ou le courriel.
Côté audiovisuel, les vidéos en LSF et surtout les vidéos sous-titrées rencontrent un fort engouement, respectivement auprès de 22 % et 87 % des répondants. Néanmoins, la qualité des sous-titres reste perfectible, en particulier lorsqu’ils sont générés automatiquement ou diffusés en direct, nuisant à la clarté de l’information.
Concernant les démarches administratives en ligne, 39 % des personnes interrogées déclarent rencontrer des difficultés, 30% font appel à une tierce personne et 70 % disent avoir déjà renoncé à une procédure à cause d’un manque d’accessibilité, de ressources techniques ou d’une appréhension face aux outils numériques.
En conclusion, l’étude appelle à une amélioration des outils d’accessibilité numérique et à une meilleure diffusion des dispositifs existants. La diversité des profils impose une pluralité de solutions : sous-titrage systématique et de qualité, vidéos en LSF, contenus en FALC, ainsi qu’un accompagnement renforcé. L’enjeu est clair : réduire la fracture numérique pour garantir l’égalité d’accès à l’information et aux services pour tous.
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