Une vaste étude britannique révèle une association significative entre la perte auditive et un risque accru d’insuffisance cardiaque, en soulignant le rôle central du stress psychologique lié au handicap auditif. Ces résultats ont été publiés dans la revue Heart. L’analyse s’est appuyée sur les données de 164 431 participants de la UK Biobank, exempts d’insuffisance cardiaque au départ. Leur audition a été évaluée de manière objective grâce au Digit Triplets Test, permettant de classer les individus selon leur capacité à percevoir la parole dans le bruit. Durant un suivi moyen de 11,5 ans, près de 3 % des participants ont développé une insuffisance cardiaque. Les risques ajustés étaient supérieurs de 15 % pour les personnes ayant une audition insuffisante, et de 28 % pour celles dont l’audition était mauvaise, par rapport aux personnes avec une audition normale. Fait notable : les utilisateurs d’aides auditives présentaient également un risque accru de 26 %, laissant supposer que l’appareillage seul ne suffit pas à compenser les risques sous-jacents. L’étude met en évidence l’influence de facteurs psychologiques, comme l’isolement social, le stress et le trait de personnalité névrotique. Chez les personnes non appareillées, ces facteurs expliquaient jusqu’à 19,5 % de l’augmentation du risque de défaillance cardiaque, suggérant un lien complexe entre santé mentale et cardiovasculaire. Bien qu’il s’agisse d’une étude observationnelle – et donc incapable de prouver une relation de cause à effet – les auteurs avancent des pistes biologiques plausibles. L’oreille interne, particulièrement vascularisée, pourrait être un marqueur sensible de troubles circulatoires systémiques. Ces résultats plaident en faveur d’une intégration des bilans auditifs dans l’évaluation du risque cardiovasculaire global. Renforcer le soutien psychologique auprès des personnes malentendantes pourrait aussi représenter une piste de prévention efficace contre l’insuffisance cardiaque.
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