Dans son rapport « Charges et produits » pour 2026, l’Assurance maladie met en lumière certains secteurs jugés particulièrement profitables, dans un contexte de déficit structurel croissant. Son objectif est clair : rétablir l’équilibre financier du système de santé en intervenant sur les postes de dépenses les plus dynamiques.
Le secteur de l’audioprothèse figure en bonne place parmi ceux ciblés. Le rapport souligne que « le secteur de l’audioprothèse présente un rendement financier élevé et stable autour de 58 % entre 2018 et 2022 ». En 2022, sa rentabilité opérationnelle (EBE/CA) atteignait 15,8 %, soit « le double de la rentabilité moyenne des entreprises marchandes non agricoles et non financières françaises ». Ces chiffres placent l’audioprothèse parmi les domaines les plus rentables du champ de la santé, ce qui justifie, selon l’Assurance maladie, la nécessité d’une régulation renforcée.
Dans cette perspective, l’Assurance maladie propose d’ajuster les prix pratiqués dans ce secteur afin d’en limiter les excès. Elle souhaite à la fois abaisser les tarifs dans les activités affichant une marge importante et adapter plus régulièrement les forfaits et rémunérations versés aux professionnels de santé pour éviter la constitution de rentes. Le prix limite de vente (PLV) des aides auditives de classe II pourrait ainsi être plafonné à 1 750 euros si leur prix médian dépasse 1 600 euros. De même, la réduction du PLV des appareils de classe I, initialement prévue de 950 à 900 euros, pourrait être appliquée, au regard du volume des ventes observé.
Le rapport évoque aussi la possibilité d’introduire une clause de sauvegarde sectorielle, sur le modèle de celle en vigueur dans le domaine du médicament. Ce mécanisme, qui ne fait pas l’unanimité mais est « soumis au débat public », permettrait de déclencher un reversement par les professionnels si les dépenses dépassaient les plafonds fixés dans la loi de financement de la Sécurité sociale.
En parallèle, l’Assurance maladie propose également une mesure plus controversée : l’interdiction de la publicité pour les lunettes de vue et les audioprothèses. L’objectif affiché est de réduire les incitations à la consommation suscitées par un marketing jugé agressif dans des secteurs très rentables. Cette interdiction, mentionnée comme une option à soumettre au débat public, s’inscrit dans une volonté plus large de maîtrise des dépenses de santé et de lutte contre les logiques commerciales excessives dans les soins.
Ces propositions s’inscrivent dans la volonté affirmée de l’Assurance maladie d’aligner la qualité des soins avec une gestion plus rigoureuse des ressources, dans une logique de « juste soin au juste prix ». En ciblant un secteur où les marges apparaissent très confortables, elle cherche à préserver l’accès aux soins tout en s’attaquant à des dynamiques économiques jugées excessives. Pour les acteurs de l’audioprothèse, ces orientations pourraient impliquer une redéfinition durable de leur modèle économique.
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