Dans une note de synthèse rendue publique le 14 avril, la Cour des comptes tire la sonnette d’alarme sur la dérive des dépenses de l’Assurance maladie, qui devraient atteindre 265,4 milliards d’euros en 2025. Cette hausse, évaluée à 4,8 % par an depuis 2019, pèse lourdement sur les finances publiques. La part de ces dépenses dans le produit intérieur brut s’établirait à 8,9 % en 2025, contre 8,2 % avant la crise sanitaire. L’institution met en garde contre une dynamique budgétaire jugée « non soutenable », marquée par une dégradation du solde des trois principales branches de la Sécurité sociale. Leur déficit cumulé pourrait presque doubler entre 2024 et 2028, passant de 11,8 à 20,1 milliards d’euros, avec à la clé une reconstitution de la dette sociale de plus de 70 milliards d’euros sur trois ans. Face à ce constat préoccupant, la Cour des comptes propose de renforcer l’efficacité des dépenses à travers trois axes principaux. Elle insiste en priorité sur la lutte contre les fraudes et les remboursements indus, soulignant que les résultats actuels restent très en deçà des montants estimés. En 2024, 628 millions d’euros de fraudes ont été détectés et stoppés, alors que le préjudice total pourrait atteindre 4,5 milliards. L’objectif fixé pour 2029 est d’atteindre 1,5 milliard d’euros de fraudes détectées et stoppées. Les professionnels de santé sont identifiés comme les principaux responsables des fraudes, représentant 68 % des montants concernés, loin devant les établissements de santé (14 %) et les assurés (18 %). Pour inverser la tendance, la Cour recommande d’intensifier les contrôles, d’exploiter pleinement les outils numériques et juridiques à disposition des caisses d’assurance maladie, et de suspendre les paiements en cas de doute. Elle plaide également pour une meilleure coordination entre les CPAM, les complémentaires santé, la police, la justice et les services fiscaux. Avec ces leviers, la Cour estime qu’un tiers du préjudice pourrait être récupéré, soit 1,5 milliard d’euros d’économies potentielles. Pour Pierre Moscovici, premier président de l’institution, il est possible de maîtriser les dépenses sans porter atteinte à la qualité du service, voire même en l’améliorant. Mais cela suppose de marcher sur une ligne de crête exigeante, entre rigueur budgétaire et préservation des principes fondateurs de la Sécurité sociale
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