L’étude EuroTrak France 2025, réalisée par l’institut Anovum pour l’EHIMA (European Hearing Instrument Manufacturers Association) et le SNITEM, dresse un portrait actualisé de la perte auditive et de l’usage des aides auditives en France. Elle repose sur un échantillon représentatif de 14 939 personnes, dont 1 304 se déclarent malentendantes. Parmi elles, 705 sont équipées d’aides auditives et 599 ne le sont pas. Cette enquête vise à mieux comprendre les comportements liés à l’appareillage, ainsi que les freins et les leviers influençant la décision de s’équiper.
Un taux d’adoption en hausse, surtout en cas de perte sévère
Selon les résultats, 9,7 % de la population française déclare souffrir d’une perte auditive, un chiffre qui s’élève à 11,5 % chez les adultes. Parmi les personnes concernées, 55 % sont appareillées, ce qui représente 5,4 % de l’ensemble de la population. L’usage bilatéral est désormais majoritaire, avec 74 % des utilisateurs équipés pour les deux oreilles. Le taux d’adoption reste toutefois fortement corrélé à la gravité de la perte auditive : il est limité à 31 % pour les pertes légères, mais grimpe à 76 % en cas de perte sévère ou profonde.
Les professionnels de santé, pivots du parcours vers l’appareillage
L’étude confirme le rôle central des médecins dans le parcours de soin auditif. Au total, 82 % des malentendants ont évoqué leurs troubles avec un professionnel de santé. Parmi eux, 67 % ont reçu une recommandation d’appareillage. Les généralistes orientent prioritairement vers un ORL (79 %), parfois vers un audioprothésiste (27 %), et recommandent directement une aide auditive dans 14 % des cas. Du côté des ORL, 60 % incitent à l’appareillage et 39 % orientent vers un audioprothésiste. Ces derniers, dans 92 % des cas, conseillent l’équipement, un avis généralement suivi par les patients.
Des bénéfices largement reconnus par les utilisateurs
Comme constaté lors du dernier baromètre Gallileo, les bénéfices des aides auditives sont massivement reconnus. Selon les résultats, 97 % des porteurs affirment qu’elles améliorent leur qualité de vie au moins occasionnellement, et 83 % se disent satisfaits de leur dispositif. Le temps moyen de port atteint 8,8 heures par jour. Les utilisateurs rapportent une nette amélioration de leur communication, de leur vie sociale, de leurs relations familiales et de leur estime de soi. Ils sont également 73 % à se sentir plus en sécurité lors de leurs déplacements en ville. Les bénéfices s’étendent au domaine professionnel : 95 % des actifs équipés estiment que leurs aides auditives sont utiles sur leur lieu de travail, et 45 % pensent qu’elles leur permettent de prolonger leur carrière. L’impact sur la santé mentale est aussi notable : les utilisateurs présentent moins de symptômes dépressifs et ressentent moins de fatigue en fin de journée, comparativement aux malentendants non équipés. La qualité du sommeil est également jugée meilleure chez les personnes appareillées.
Des freins persistants chez les non-appareillés
Malgré ces résultats encourageants, des freins importants subsistent chez les malentendants non équipés. Certains déclarent ne pas avoir reçu de recommandation claire de la part d’un professionnel de santé, tandis que d’autres évoquent l’inconfort potentiel ou l’inefficacité supposée des appareils, notamment dans les environnements bruyants. Chez ceux dont le profil auditif est comparable à celui des utilisateurs, 41 % estiment que les aides ne fonctionnent pas bien dans ces contextes. De plus, beaucoup estiment que leur perte auditive n’est pas suffisamment grave pour justifier un appareillage. L’étude souligne aussi un manque d’information : seuls 68 % des malentendants déclarent connaître la réforme “100 % Santé”, pourtant en vigueur depuis janvier 2021. Ce déficit d’information peut représenter un frein supplémentaire à l’équipement.
Le regret de ne pas s’être équipé plus tôt
Parmi les personnes appareillées, 63 % estiment qu’elles auraient dû franchir le pas plus tôt. Ce regret est souvent lié à une dégradation de la vie sociale, à une baisse du bien-être émotionnel, à une perte d’efficacité au travail ou encore à une fatigue accrue. Ce constat met en lumière l’importance du rôle des audioprothésistes, qui sont en première ligne pour accompagner, rassurer et informer les patients tout au long du parcours.
Un marché dynamique porté par le renouvellement
Le marché de l’audition est en plein essor, porté notamment par le renouvellement fréquent des dispositifs. Près de 57 % des aides actuellement utilisées ont été acquises en 2023 ou plus récemment, et la durée de vie médiane avant remplacement s’établit à cinq ans. Parmi les utilisateurs équipés avant 2020, 81 % envisagent un renouvellement. Les principales motivations évoquées sont l’usure de l’appareil (44 %), les avancées technologiques (39 %), l’évolution de l’audition (38 %), les conseils des professionnels (34 %) et une baisse de confort (31 %). À l’inverse, ceux qui ne prévoient pas de remplacement évoquent des raisons financières (63 %), une satisfaction vis-à-vis de leur équipement actuel (53 %) ou encore son bon fonctionnement (17 %). La connaissance des avantages du “100 % Santé” influence positivement la volonté de renouvellement. Enfin, l’étude révèle que le centre auditif reste le principal lieu d’achat : 82 % des utilisateurs s’y sont procurés leur équipement, un chiffre qui grimpe à 81 % chez les non-équipés envisageant de s’appareiller. Les opticiens restent minoritaires, ne représentant que 10 à 11 % des intentions ou des lieux d’achat effectifs.
Source : Anovum – EuroTrak FRA 2025
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