La 9ᵉ édition de la campagne nationale « Semaine de la Santé Auditive au Travail » menée par l’Association Nationale de l’Audition (ANA) met en lumière des chiffres alarmants : près de 10 millions de Français en activité professionnelle souffrent de difficultés à comprendre la parole à cause du bruit au travail. Pire encore, 8,5 millions d’entre eux subissent des répercussions telles que les acouphènes, un problème de santé publique encore trop souvent minimisé.
Un problème qui touche toutes les tranches d’âge et les secteurs
Le bruit au travail n’épargne aucun secteur. Que l’on soit ouvrier, employé en open space ou télétravailleur, 62% des actifs sont confrontés quotidiennement à des nuisances sonores sur leur lieu de travail. Les secteurs de l’agriculture, de l’industrie (72%) et du BTP (83%) sont les plus touchés, mais même les employés des services (58%), de l’administration (62%) et du commerce (55%) subissent ces désagréments.
Contrairement aux idées reçues, la gêne auditive liée au bruit ne concerne pas uniquement les travailleurs plus âgés. 64% des moins de 35 ans rapportent en souffrir, un taux comparable aux plus de 50 ans (59%).
Des répercussions inquiétantes sur la santé
Les conséquences du bruit sur la santé sont multiples. Près de 50% des travailleurs impactés constatent des effets directs sur leur audition, comme les pertes de compréhension temporaires (37%) ou les acouphènes (32%). En particulier, les ouvriers (39%) et ceux travaillant en ateliers ou sur des chantiers (40%) semblent plus exposés. Plus alarmant encore, près d’un quart des actifs (24%) rapportent des problèmes de surdité, avec une prévalence plus marquée chez les hommes et les ouvriers.
Mais les effets du bruit ne se limitent pas à l’audition. Les impacts s’étendent à la santé mentale et physique : 60% des travailleurs affectés par le bruit au travail se disent fatigués, 50% rapportent du stress, et 33% souffrent de troubles du sommeil. Un lien direct entre le bruit et le burn-out est d’ailleurs établi, avec des actifs en situation de burn-out étant plus enclins à souffrir d’acouphènes et de pertes auditives.
Une prise de conscience insuffisante
Bien que la situation soit préoccupante, seulement 50% des actifs sont conscients des dispositifs existants pour protéger leur santé auditive, et à peine 26% savent précisément ce qu’ils couvrent. Pire, parmi ceux impactés par des troubles auditifs, la majorité n’a entrepris aucune démarche pour se protéger.
Les experts de l’ANA, à l’instar du professeur Jean-Luc Puel, appellent à une action collective et à une plus grande sensibilisation des entreprises et des pouvoirs publics. L’objectif : mieux informer sur les risques du bruit et déployer des solutions concrètes, comme des équipements de protection ou des aménagements de l’espace de travail.
Une problématique urgente
Le bruit au travail est un fléau sous-estimé qui affecte des millions de Français, souvent sans qu’ils en aient pleinement conscience. Selon l’Association Nationale pour l’Audition, il est temps que les entreprises prennent à bras-le-corps cette problématique de santé publique pour protéger leurs salariés et prévenir les souffrances auditives et mentales qu’elle entraîne.
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