Alors que les besoins en santé auditive s’accroissent avec le vieillissement de la population, les audioprothésistes deviennent une profession stratégique dans le paysage médical français. La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) vient de publier les données de démographie des professionnels de santé issues du Répertoire partagé des professionnels intervenant dans le système de santé (RPPS). Une analyse des données de 2012 à 2024 permet de dresser un portrait de l’évolution de la profession d’audioprothésiste en France. Elle révèle des tendances marquées : une croissance continue des effectifs, une densité en forte augmentation… mais aussi un nouveau mode d’exercice.
Un effectif qui a plus que doublé en 12 ans
D’après les données issues du répertoire ADELI, le nombre de professionnels recensés est passé de 2 316 en 2012 à 4 952 en 2024, soit une progression de 114%. Cette croissance régulière reflète une demande croissante liée au vieillissement de la population, à une meilleure prise en charge des appareils auditifs, mais aussi à la réforme du « 100 % Santé » qui a levé une barrière financière pour de nombreux patients.
Une densité en forte hausse
Cette évolution se traduit aussi en termes de densité : on comptait 3,55 audioprothésistes pour 100 000 habitants en 2012, contre 7,28 en 2024. Cela signifie un quasi-doublement de la disponibilité de ces professionnels sur le territoire, bien que des disparités régionales persistent.
Une profession plus jeune, mais encore vieillissante
L’âge moyen des audioprothésistes était de 38,3 ans en 2012. Après une relative stagnation autour de 38-39 ans, il a légèrement diminué jusqu’à atteindre 37,5 ans en 2024. Cette baisse timide peut sembler paradoxale au regard de l’augmentation des effectifs, mais peut s’expliquer par une installation majoritaire de nouveaux professionnels dans des structures plus âgées, ainsi que par un nombre encore important de praticiens proches de la retraite.
Moins de cabinets individuels, plus de structures collectives
Le mode d’exercice des audioprothésistes évolue également. Alors que les cabinets individuels représentaient encore une part notable en 2012, leur poids relatif diminue. Le nombre d’audioprothésistes exerçant en cabinet individuel est passé de 112 en 2012 à 67 en 2024, illustrant une tendance à la concentration et à l’exercice en société. Les structures de groupe ou intégrées à des chaînes nationales semblent désormais prédominer, dans une logique d’économie d’échelle et d’homogénéisation des pratiques.
Une croissance qui soulève de nouveaux enjeux
Si cette dynamique est encourageante, elle soulève plusieurs questions. Comment garantir une formation de qualité pour répondre aux besoins du terrain ? Comment mieux répartir les professionnels sur le territoire, notamment dans les zones rurales ou sous-dotées ? Et surtout, comment anticiper une vague de départs à la retraite qui pourrait fragiliser l’offre de soins dans les années à venir ?
Sources : DRESS janvier 2024
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