Dans son rapport publié le 26 mai 2025, la Cour des comptes consacre une large part de son analyse à la situation préoccupante de l’Assurance maladie, au cœur de la dérive des finances sociales. D’ici 2028, son déficit atteindrait 16,8 milliards d’euros, contribuant fortement à une dette sociale globale de 182 milliards d’euros, un record historique.
Dès 2024, la branche maladie concentrait 90 % du déficit de la Sécurité sociale, soit 13,8 milliards d’euros sur un total de 15,3. Cette aggravation s’explique principalement par une maîtrise insuffisante des dépenses de santé, et en particulier par le dépassement de l’Ondam (objectif national de dépenses d’assurance maladie), évalué à 4,3 milliards d’euros cette même année.
Les soins de ville pèsent lourdement dans ce dérapage : +8 % pour les indemnités journalières, +5 % pour les masseurs-kinésithérapeutes, +4,9 % pour les infirmiers, +4,6 % pour les médecins spécialistes. Par ailleurs, le déficit des hôpitaux publics s’est aggravé, atteignant entre 2,8 et 3 milliards d’euros, en dépit d’un rebond d’activité.
La Cour met en cause la fragilité des hypothèses économiques ayant servi de base à la loi de financement, notamment une prévision de croissance du PIB de 0,9 % et de la masse salariale de 2,5 %, jugées trop optimistes. Faute de mesures correctrices, les déficits de l’Assurance maladie devraient s’inscrire dans la durée, sans perspective de retour à l’équilibre.
L’Acoss, qui assure désormais le financement des déficits à court terme en lieu et place de la Cades, pourrait porter à elle seule 113 milliards d’euros de dette d’ici 2028, ce qui dépasse largement sa mission. Ce mode de financement expose le système à un risque sérieux de crise de liquidité, à partir de 2027.
Pour enrayer cette dynamique, la Cour recommande un pilotage renforcé de l’Ondam, une meilleure maîtrise des soins de ville, et une répartition plus équitable des efforts entre les acteurs du système de santé. Elle appelle aussi à documenter les économies attendues et à restaurer une trajectoire crédible de retour à l’équilibre, sans quoi l’accès universel aux soins pourrait être compromis.
Le rapport complet et sa synthèse sont disponibles ici.
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