Une équipe internationale de chercheurs, coordonnée par Patricia Balaresque (Université de Toulouse, CNRS), met en lumière l’influence combinée du sexe et de l’environnement sur la sensibilité auditive humaine. Publiée dans Scientific Reports, cette étude pionnière explore comment des facteurs biologiques et écologiques façonnent la capacité de l’oreille interne à percevoir les sons. S’appuyant sur l’analyse des émissions otoacoustiques transitoires (un indicateur de la sensibilité de la cochlée) les chercheurs ont examiné 448 individus issus de 13 populations réparties dans cinq pays (Équateur, Angleterre, Gabon, Afrique du Sud et Ouzbékistan). Ces participants vivaient dans des milieux très variés : zones urbaines, forêts tropicales ou hauts plateaux andins. Les résultats révèlent que l’amplitude des réponses cochléaires est principalement influencée par le sexe et l’environnement, tandis que le spectre de fréquences dépend exclusivement de facteurs externes comme l’altitude ou le degré d’urbanisation. Les femmes présentent en moyenne une sensibilité supérieure d’environ 2 décibels à celle des hommes, quelle que soit la population étudiée. Du côté des environnements, les différences sont marquées : les habitants des zones rurales de haute altitude, comme les Andes, affichent une sensibilité cochléaire plus faible que ceux des forêts tropicales ou des milieux urbains. Ces écarts pourraient résulter d’adaptations physiologiques à la pression atmosphérique, à l’hypoxie ou à des environnements acoustiques distincts. Les auteurs évoquent aussi une possible influence du bruit ambiant dans les villes, qui pourrait modifier la perception des fréquences. En croisant données biologiques, linguistiques et écologiques, cette recherche ouvre une perspective nouvelle sur l’évolution auditive humaine. Elle suggère que nos oreilles, loin d’être uniquement façonnées par la biologie, s’adaptent aussi aux conditions de vie et aux paysages sonores. Pour les chercheurs, ces résultats soulignent la nécessité d’intégrer la diversité environnementale et culturelle dans les études sur l’audition, la prévention de la perte auditive et la conception d’appareils auditifs adaptés à différents contextes de vie.
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