Le Syndicat des audioprothésistes (SDA) tire la sonnette d’alarme après l’annonce du Ministère de la santé confirmant l’application de l’article 58 de la Loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) 2023. Ce dispositif prévoit, d’ici fin 2025, une dissociation entre les aides auditives et les prestations associées, dans le cadre de la réforme de la Liste des produits et prestations (LPP). Le SDA estime que cette évolution, contraire aux engagements initiaux des pouvoirs publics, pourrait fragiliser le dispositif « 100 % Santé » instauré en 2018 pour garantir un reste à charge nul sur certains équipements médicaux. Selon l’organisation, elle risquerait d’affaiblir le suivi des patients, de compliquer l’accès aux soins et d’encourager une « dérive commerciale dangereuse ». Dans un communiqué publié le 29 septembre, le syndicat réaffirme son attachement au financement indissociable entre appareil et prestations, modèle déjà appliqué dans la plupart des pays européens. « Toute dissociation permettant la vente d’une aide auditive sans prestation serait néfaste à l’observance thérapeutique, particulièrement pour les patients fragiles qui nécessitent un accompagnement renforcé, et engendrerait des surcoûts significatifs pour l’Assurance maladie », souligne-t-il. Le SDA met également en garde contre les risques commerciaux d’une telle réforme. Dans un secteur déjà marqué par un « déferlement de communication promotionnelle non sanctionnée », il redoute l’apparition d’offres « à la carte » proposant des forfaits de suivi modulables. Une logique qui, selon lui, renforcerait la marchandisation de l’appareillage auditif sans générer d’économies ni améliorer la qualité des soins. Le syndicat demande en outre une reconnaissance conventionnelle des audioprothésistes en tant qu’auxiliaires médicaux, au même titre que les infirmiers ou les kinésithérapeutes. Une telle évolution permettrait, selon lui, de mieux sécuriser la qualité du suivi et de valoriser les prestations intellectuelles propres à la profession. Enfin, le SDA souligne que la réforme intervient dans un contexte de vieillissement accéléré de la population. Il estime qu’une dissociation appareil-prestations irait « à rebours du virage de la prévention », alors même que la correction du déficit auditif constitue, selon plusieurs évaluations médico-économiques, un levier majeur de santé publique.
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